mercredi 17 novembre 2010

Ripostons, proposons – Salle comble à Japy

Ripostons, proposons – Salle comble à Japy

A l’appel du PCF, mille personnes s’étaient donnés rendez-vous lundi 8 novembre au Gymnase Japy, dans le 11ème arrondissement de Paris. Une soirée de lutte et d’échanges autour des propositions alternatives portées par le PCF qui témoignait de la combattivité intacte des militants présents. Deux jours après la huitième mobilisation nationale contre la réforme des retraites, le moment était d’importance. Il s’agissait aussi de faire le point sur le débat à gauche, les prochaines échéances politiques et sociales, pointer l’importance du développement du Font de Gauche et du PCF et de tracer des perspectives politiques face à une droite toujours aussi déterminée à multiplier les mauvais coups.




Discours de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

Pierre Laurent a prononcé le discours de clôture du meeting de Japy à Paris le 8 novembre 2010.

Mesdames et Messieurs,

Cher-e-s ami-e-s et cher-e-s camarades,

Nous tenons ce meeting dans un moment exceptionnel. Samedi, c’est encore plus d’1,2 million de personnes qui manifestaient dans le pays contre la réforme des retraites, sans compter les milliers de femmes venues défiler à Paris pour les droits des femmes et singulièrement le droit à l’avortement aujourd’hui gravement remis en cause. Oui, la mobilisation n'est pas terminée ! Oui la colère est plus grande que jamais contre un pouvoir qui méprise à ce point les salariés de notre pays !

Le gouvernement peut bien pérorer. C’est un très haut niveau de mobilisation et de combativité qui persiste, après des semaines d’une exceptionnelle intensité. Nous vivons un de ces mouvements sociaux, une de ces mobilisations citoyennes, dont notre peuple a le secret et qui marqueront, après d’autres - 1995 ou 2005 et le TCE pour ne citer que les plus récentes - l’histoire de notre pays.

Le gouvernement continue sa chanson sur l’essoufflement, l’échec, la fin du mouvement. Il a fait voter sa loi, non sans mal, et après avoir été obligé de mettre au pas les deux Assemblées, pourtant dominées par des majorités honteusement serviles, et le voilà qui veut nous faire croire qu’il a gagné la bataille.

Eh bien, nous affirmons ici le contraire : Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont fait voter la loi, mais le président de la République vient de perdre sa première grande bataille politique depuis 2007. Et quoi que nous chantent les bla-bla gouvernementaux, cela change tout pour la suite !

C'est clair et net, la bataille des retraites n’est pas terminée. L'intersyndicale vient de décider une nouvelle journée d'action entre le 22 et le 26 novembre. De multiples actions sont prises dans de nombreuses corporations. Des grèves continuent et il faut saluer le courage de ceux qui les conduisent. Quelle que soit l'issue de la bataille engagée, le peuple français restera durablement marqué par les évènements que nous vivons en ce moment.

Trois convictions majeures nous ont rassemblé et rassemblent une majorité de nos concitoyennes et de nos concitoyens au cours de cette bataille.

La première est très claire : nous, salariés de toutes conditions et jeunes en formation de ce pays, nous ne voulons pas vivre les décennies à venir sous le régime injuste que nous impose cette loi. Nous nous battrons jusqu’à sa remise en cause, parce que ce n’est pas la vie que nous voulons. Le vote de la loi ne tourne pas la page. Ce combat est plus que jamais devant nous. Et, que les choses soient claires, ce message s’adresse à tous les gouvernements à venir, quels qu’ils soient. Qu’aucun d’entre eux ne mise sur la résignation en la matière. Tout simplement parce qu’il en va d’une question essentielle pour la vie de notre peuple, pour l’avenir de la jeunesse du pays.

Nous ne voulons pas être contraint d’attendre de toucher une retraite, souvent de misère, jusqu’à 62, 65 ou 67 ans quand 40% des salariés qui partent aujourd’hui à 60 ans ne sont déjà plus en situation d’emploi mais exclus du travail. Nous ne voulons pas laisser voler les plus belles années de retraite à des ouvriers épuisés, victimes de maladies professionnelles mal reconnues, à des employés ou des cadres minés par le stress. Nous ne voulons pas laisser les femmes subir tout au long de leur vie professionnelle la précarité, le temps partiel, les bas salaires, pour s’entendre dire à 60 ans, il faut continuer à ce régime là deux, cinq ou sept ans de plus, et tout ça pour une pension indigne d’une vie au XXIème siècle. Nous ne voulons pas priver les jeunes d’un million d’emplois quand leur accès au marché du travail serait au contraire une des clés d’une réforme juste et solidaire des retraites.

Oui, nous ne voulons pas de tout cela, et nous nous battrons jusqu’au bout ! Cette réforme ne doit pas s'appliquer. C'est maintenant notre combat.

Une seconde conviction s'est imposée avec clarté. Ce pouvoir est indigne, il a décidément tourné le dos à toute légitimité populaire, et n'a qu'une boussole, les intérêts de l'oligarchie financière. Pour faire adopter cette loi, il a tout bafoué : bafouée la négociation avec les syndicats qui n’a jamais existé ; bafouée la voix du peuple qu’il n’a jamais voulu écouter, niant l’évidente opposition majoritaire du pays, méprisant les manifestants, stigmatisant et réprimant les grévistes, manipulant jusqu’au ridicule les chiffres pour nier l’importance des mobilisations ; bafouée la jeunesse, qu’il a cherché à infantiliser, niant son droit au débat et à la libre expression, puis a provoqué, infiltrant la police dans ses rangs, en utilisant des méthodes de voyous ; bafoué le Parlement, dont la conduite des débats a été régenté par l’Elysée au mépris de la Constitution, réduisant les parlementaires de sa majorité à des applicateurs zélés et serviles de la moindre de ses directives ; au fond bafoués tous les principes démocratiques et les valeurs républicaines de notre pays, valeurs désormais régulièrement mises à mal depuis que le gouvernement s'est engagé pour détourner la colère populaire sur la voie haineuse de la xénophobie d'État.

Eh bien, ce n’est pas comme cela que notre pays entend être gouverné. Ce n'est pas cette France dénaturée dans laquelle nous nous reconnaissons. Nous ne sommes pas une république bananière dans laquelle l’élection du Président de la République peut devenir un blanc-seing assimilé au vote des pouvoirs spéciaux dont le président pourrait user sans limite hors de tout contrôle démocratique.

Oui, en adoptant la loi contre la majorité populaire, contre toutes les organisations syndicales, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont signé leur illégitimité. Au nom de la souveraineté démocratique, ils sont condamnables et condamnés.

La troisième conviction s’est lue sur bien des pancartes, a été entendue dans bien des témoignages, elle résume la portée du mouvement : « de cette société là, nous ne voulons pas ! ».

La bataille sur les retraites a cristallisé le rejet de choix politiques qui, en tous domaines, visent à faire payer la crise financière capitaliste aux salariés. Ces choix nous conduisent tous, et la société avec, dans de très graves impasses, dans des crises décuplées, dans une régression générale et continue.

La crise est bel et bien là. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Notre pays compte désormais très officiellement 4 millions de chômeurs. Parmi eux, plus de 725.000 séniors et 750.000 jeunes : que dire d'une société qui réserve pour seul sort aux plus âgés et aux plus jeunes la souffrance du chômage ? Elle est malade et cette maladie a un nom : le cancer généralisée de la finance. La sueur des uns fait le profit des autres. Les entreprises du CAC 40 affichent 47 milliards de profit pour la seule année 2009. C'est plus que le besoin de financement de la sécurité sociale. Et si l'on en croit les Échos du 21 octobre, les dix premiers groupes du CAC 40 sont assis sur un matelas de trésorerie de 145 milliards d'euros ! Quant aux banques, elles annoncent à nouveau des profits faramineux. Où elle la morale d'un tel système qui fait sa fortune en rackettant le travail et la création de richesses ?

Les luttes actuelles montrent que des millions de salariés ont pris conscience de cette crise et de la nécessité d'en sortir autrement qu'avec les recettes capitalistes. Au delà de l'enjeu du droit à la retraite, ce mouvement porte de très grandes exigences populaires en matière d'emploi, de salaire et de pouvoir d'achat et, plus profondément encore, il porte la question essentielle du travail et de sa finalité. Je pense aux sous-traitants et intérimaires de l'aéroport de Roissy, à nouveau mobilisés jeudi dernier, à ces bagagistes qui souffrent au travail et vivent comme une insupportable provocation le recul de l'âge légal de départ en retraite ; ou encore aux agents de Pôle Emploi qui seront demain mobilisés pour exiger le retrait du plan de suppression de 1800 postes, dénoncer leurs conditions de travail et donc les conditions d'accueil de millions de chômeurs dans ces structures.

Sauf à vouloir remplacer la société par le chaos, il est temps d'administrer à ce système capitaliste un traitement de choc. Il est de notre responsabilité pour cela d'inventer ensemble un nouvelle civilisation, une civilisation de toute l'humanité, fondée sur la maîtrise et le dépassement des marchés, sur des nouveaux pouvoirs pour les citoyens, les travailleurs et indissociablement sur une autre culture, une nouvelle éthique, de nouvelles valeurs de partage, de respect de la créativité de chacun.

Soyons confiants dans notre capacité à atteindre cette ambition. Le désarroi de la droite se fait chaque jour un peu plus sentir. Il s’entend et se lit. Il y a ces derniers temps, à droite, une petite musique savoureuse que j'aimerais partager avec vous. Claude Bébéar s'en est récemment fait l'interprète dans une interview au Monde. A la question « Comprenez-vous la résistance des Français à la réforme des retraites ? », le président d'honneur d'AXA a répondu ces quatre mots lourds de sens : « A vrai dire non. » Cette musique, loin des discours officiels, nombreux sont ceux à l'UMP qui ose l'avouer : « ils ne comprennent pas ! ». Ils ne comprennent pas comment, alors que la propagande étatique fonctionnait à plein régime, alors que le calendrier avait été soigneusement déterminé, comment une telle mobilisation a été possible.

Et pour cause ! Depuis 2007, ils pensaient que tout était réglé : leur politique était, disaient-ils, ultra-populaire ; les syndicats étaient devenus « responsables » ; et vous vous souvenez toutes et tous de cette phrase de Nicolas Sarkozy lui-même : « Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit ». C'est d'ailleurs probablement cette même arrogance qui a fait confondre à Jean-Louis Borloo, 300 et 3000 stations-services à sec en pleine grève des raffineries.

Mais la crise financière et la réponse des gouvernants à cette crise ont mis fin à cet enfumage. Et le mouvement actuel a bel et bien été à la hauteur de l’attaque sans précédent lancé à la faveur de cette crise contre le monde du travail.

Voilà, mes amis, ce qui vient de changer. Et vous le mesurez, ce n’est pas rien. Nous venons d’entrer dans une nouvelle phase de l’affrontement contre ce pouvoir, avec des atouts nouveaux. Nicolas Sarkozy voulait faire de la retraite sa bataille essentielle. Nous avions décidé de relever le défi en décidant lors de notre congrès de faire de cette bataille un axe majeur de notre action. Nous pouvons être fiers de la bataille menée. Oui, nous sortons plus forts des semaines écoulées, Nicolas Sarkozy et les siens plus affaiblis.

Avant de vous dire encore un mot sur l’avenir et les tâches politiques essentielles qui nous attendent, permettez-moi de saluer notre peuple qui une fois encore a montré son extraordinaire capacité de résistance. Aux heures les plus fortes de la mobilisation, nous avons tous ressenti ce que nous ressentions en militant pour le non au TCE en 2005 : la formidable intelligence d'un peuple face à un pouvoir se servant de tous les artifices pour le diviser et le faire plier ; la combattivité de millions de femmes et d'hommes qui n'est conquise que dans la conviction de se battre pour la justice sociale ; et, aussi, cette envie de liberté, d'égalité et de fraternité, cette envie de faire vivre et de reconquérir les valeurs de notre République, de les faire entrer dans le XXIème siècle quand tant de bons apôtres du capitalisme mondialisé nous expliquent que la modernité serait d'y renoncer.

Je veux aussi ce soir saluer le travail exceptionnel des organisations syndicales. Jour après jour, elles ont multiplié les initiatives pour informer les travailleurs de la nature régressive du projet gouvernemental. Depuis des mois, elles sont restées unies sans ne jamais rien céder au gouvernement qui fasse reculer les droits des salarié-es. Et, aujourd'hui, des millions de salariés affirment ensemble leur volonté de maintenir le droit à la retraite à 60 ans et se mobilisent pour le garantir. Bravo à elles pour leur lucidité et leur détermination. Je peux vous dire, moi qui vient de me rendre, pour préparer le prochain congrès du PGE les 4 et 5 décembre à Paris, à Madrid, Rome, Athènes et Hanovre, que l'Europe entière admire et regarde ce qui se passe dans notre pays.

Je veux enfin redire ici l’importance du travail des parlementaires communistes, de l’ensemble des deux groupes dans leur diversité. Le projet de loi qu'ils ont élaboré et porté a donné une perspective politique crédible à la mobilisation en montrant, proposition contre proposition, qu'une autre réforme était et demeure possible. Leur grande ténacité dans le débat parlementaire a donné un formidable écho aux revendications des salariés. Nous pouvons être fiers d'eux. Le peuple a besoin de tels élus et ils ont montré ce que le peuple est en droit d’attendre de la gauche.

Car, c’est l’autre question dont je veux vous parler ce soir. La gauche doit maintenant prendre la mesure de la puissance de l’exigence populaire qui vient de gagner le pays. Et elle doit se mettre à la hauteur. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : le risque est grand qu’elle ne le fasse pas. Et c’est exactement ce que pensent les gens qui expriment dans plusieurs sondages parus ces jours ci tout à la fois leur envie de gauche et leur scepticisme sur la gauche.

Les Français ont raison. Aujourd’hui, le fossé existe. Le décalage est réel. Mais, nous, mes camarades, nous ne sommes pas là pour constater cette situation, pour pleurnicher, même avec les larmes de la colère, sur l’état du problème. Nous sommes pour là pour changer cette situation, pour construire avec notre peuple le projet collectif de changement auquel il aspire, pour ouvrir avec lui le chemin d’espoir qui lui ouvrira la porte. Et je l’ai dit, ce qui vient de se passer nous donne de nouveaux atouts pour y parvenir.

Que propose-t-on pour le moment à notre peuple pour résoudre ce problème et répondre à ces attentes ?

A droite, on nous propose un remaniement ! La belle affaire ! Le petit jeu de Nicolas Sarkozy, qui dure maintenant depuis des mois, à jouer, comme le disait Marie-George, avec les prétendants de son camp à tel ou tel poste, est, dans la période, tout simplement indécent. Je le dis clairement ce soir : il n'y a rien à attendre du remaniement, rien, absolument rien. Ils vont changer l'ordre de la photo gouvernementale. Et, de toute façon, dans la monarchie UMP, Nicolas Sarkozy décide tout et tout seul. Alors que l'on ne compte pas sur nous pour commenter ce nouveau casting. Le remaniement, on s'en fout et ça n'intéresse pas les Français.

Au Parti socialiste, on nous parle élection présidentielle, et c'est effectivement une échéance importante. Au lendemain de la journée de mobilisation du 26 octobre, Ségolène Royal - qui parlait un peu vite de « défaite », merci pour ceux qui luttent - déclarait que la réforme des retraites ne constituait pas « une défaite définitive » et était réversible en cas de victoire de la gauche à la présidentielle de 2012. Certes, aucune loi n'est éternelle. Celle-ci pourra donc être changée. Mais le problème, c’est sur quelle base ?

François Hollande, déclarait cette semaine dans une interview : « Il est évident que l'allongement de l'espérance de vie conduira à un allongement progressif de la durée de cotisation. […] Au nom de quoi empêcher un salarié qui n'a pas forcément tous ses trimestres de liquider sa pension plus tôt, quitte à subir une décote ? C'est quand même un choix de vie ! » Fin de citation.

Eva Joly n'est pas en reste quand elle déclare : « L'attention a été trop centrée sur l'aspect faussement bon sens et comptable de la réforme. L'argument qui consiste à dire nous vivons plus longtemps donc il faut travailler plus est superficiel. Il faut poser la question : qui travaillera plus longtemps ? ». Permettez-moi, là encore, de ne pas être très rassuré quant aux résultats produits par une réforme des retraites qui partirait de la question « qui travaillera plus longtemps ?».

Eh bien, nous, nous ne prenons pas le débat de cette manière. Nous en avons assez de cette gauche de la défaite qui n'a que « le réalisme de la contrainte financière » à la bouche comme si les dogmes de la gestion capitaliste et du FMI étaient devenus incontournables. Ce sont ces dogmes qui nous ont conduit à la crise. Je le dis aux responsables du Parti socialiste et d'Europe Ecologie : si la gauche revient au pouvoir, elle aura la responsabilité principale de répondre à une question, « qui doit payer : le capital ou les salariés ? ». Eh bien, si la réponse de cette gauche, c'est encore les salariés, ce sera sans nous !

Mais j'en suis sûr, ce n'est pas ce que veulent les femmes et les hommes de gauche de ce pays. Et, je préfère parler de potentiel et pas de contrainte. Comme du potentiel fiscal des hauts revenus ou des revenus du capital par exemple. Je suis d'ailleurs tombé sur une nouvelle niche fiscale la semaine dernière. Elle s'appelle la niche Copé. C'est une niche qui permet aux sociétés d'être exonérer d'impôt sur les plus-values liées à la cession d'une filiale possédée depuis au moins 2 ans. Ça paraît technique comme ça mais je vous garantis que c'est très efficace pour les grands groupes. Ça l'est nettement moins pour les finances de l'État qui a perdu avec ce dispositif, pour la seule année 2008, plus de 12 milliards de recettes. C'est 20 fois le coût du bouclier fiscal la même année ! C'est formidable, non, la niche Copé ? Et des niches comme celle-là, nul doute qu'il en existe probablement des dizaines d'autres.

Alors, oui, le temps est venu de poser les problèmes autrement que dictées par leurs prétendues contraintes. Les citoyens veulent reprendre le pouvoir sur leur vie, le pouvoir de penser autrement. Et si nous voulons leur permettre, il va falloir bousculer le débat cadenassé qu'ils nous concoctent pour 2012. Si on laisse faire les choses comme elles sont parties, l’élection présidentielle va ressembler à un trou de souris dans lequel on demandera de faire rentrer l'énorme aspiration populaire au changement qui travaille la société. Et l’essentiel de cette aspiration restera à la porte du changement. D’autant que devant le trou de souris, les pièges sont nombreux. Oui, mes amis, leur casting présidentiel ressemble furieusement à une souricière !

Alors, comment rouvrir en grand la porte du changement ? Comment changer cela ? Tout simplement, en changeant le programme et les acteurs de ce programme. Et en faisant des citoyens et de leurs attentes les véritables vedettes des deux années à venir. Je le redis très tranquillement : si les gens qui sont dans les mobilisations sociales restent très actifs dans ces mobilisations mais restent très spectateurs du débat politique à gauche, ce sera l'impasse pour tout projet de transformation sociale.

Notre plus grand obstacle est que celles et ceux qui aspirent le plus au changement intègrent le fossé existant entre les attentes et la gauche comme inéluctable et renoncent à résorber ce décalage. Si c’est le cas, ils resteront à l’écart du débat, regarderont non sans intérêt mais avec méfiance tout investissement politique, et ne choisiront le moment venu que par défaut dans un casting pensé en dehors d’eux.

Il y a un autre chemin à leur proposer. Reconstruire ensemble un projet de gauche conforme à leurs attentes et le porter ensemble dans les échéances à venir.

Nous, nous voulons créer l’espoir. Nous avons lancé le Front de gauche pour cela, pour qu’une démarche ouverte à toutes celles et ceux qui veulent relancer un projet de transformation sociale à la hauteur se développe au cœur même de la gauche, jusqu’à transformer toute son ambition politique et sociale. Cette voie, c’est plus que jamais la bonne et la seule à même d’atteindre nos objectifs.

A toutes celles et ceux qui pensent que la gauche est en panne, nous disons : le Front de gauche, c’est le nouveau moteur qui peut la relancer, à vous de le faire tourner à plein régime.

Construisons notre projet commun, le programme populaire et partagé qui nous rassemblera, répondons ensemble à la question : dans quelle société voulons-vous vivre ? Énonçons dans chaque domaine le ou la grande question qui identifie le changement nécessaire, et qui rassemble, parce qu’elle en ressent l’urgence, parce qu’elle peut en comprendre la nécessité et la faisabilité, une majorité de notre peuple. Voilà ce que nous voulons construire : des grands objectifs majoritairement partagés, disant clairement où sont les leviers d’un vrai changement pour la vie de nos concitoyens.

C'est le moment de s'y mettre et, pour avancer, je fais ce soir quatre propositions.

Première proposition. Pour construire ce programme partagé, pourquoi ne pas commencer par ce qui nous rassemble dans l'action depuis des semaines sur les retraites ? Pourquoi attendre 2012 pour discuter d'une autre réforme des retraites ? Ouvrons partout dans le pays le travail d'élaboration de la loi nouvelle rétablissant le droit à la retraite à 60 ans à laquelle les forces de gauche se sont engagées.

Les syndicalistes ont des propositions et nos parlementaires ont déposé une proposition de loi. Au Parti socialiste, un projet existe qui ne nous convient pas mais Benoit Hamon dit lui-même qu'il faudra bien mettre les organisations syndicales autour de la table et discuter de tous les sujets. Eh bien je dis à tous : n'attendons pas. Initions tous ensemble ce grand débat sur la loi que devra adopter la gauche si elle revient au pouvoir. Le peuple attend de la gauche qu'elle prenne dès aujourd'hui ses responsabilités. Ne le décevons pas en renvoyant à demain le grand débat qu'il attend. Et nous, avec nos partenaires du Front de gauche, nous porterons ce projet.

Deuxième proposition, ce que nous saurons faire sur les retraites, engageons le sur les autres grands enjeux de société. Travail ; argent et fiscalité ; écologie ; services publics ; République, démocratie et collectivités locales ; construction européenne ; nouvel ordre du monde... Parlons de tout, sans tabou, pour aboutir à un programme partagé qui permette à la France de sortir de la crise et de réussir le changement.

J'insiste d'un mot sur l'urgence démocratique qu'il y a à dépasser les institutions de la Vème République poussées à leur extrême limite par l'exercice du pouvoir par Nicolas Sarkozy. Doit-on continuer d'accepter une telle subordination des citoyens, d'accepter que le peuple exprimant très majoritairement un choix politique n'ait aucun pouvoir d'intervention directe ? Ce n'est plus possible, plus respirable. Oui, il fat réinventer dans ce pays la politique, la démocratie et la souveraineté populaire.

Troisième proposition, puisque les jeunes sont rentrés dans la danse et que c'est leur avenir qui est en jeu, prolongeons ce front de la jeunesse en nous mettant à leur disposition pour construire tous les espaces politiques nécessaires à leur intervention. Nous pouvons compter sur la jeunesse communiste pour animer avec nous cette démarche.

Quatrième proposition. Pour ouvrir tous ces chemins, changeons dès maintenant et sans attendre la vie politique.

Expérimentons les formes d'une nouvelle démocratie citoyenne : créons partout des espaces, des réseaux qui permettront de travailler dans la durée et à égalité avec le plus grand nombre - syndicalistes, jeunes, militants du mouvement associatif, élus locaux -

En novembre, en décembre, multiplions la création de ces espaces. Les mois qui viennent seront décisifs. Nous devons permettre à l'intelligence populaire de se déployer et de donner une force inédite à la construction d'une politique alternative.

C'est en avançant dans cette voie, en mettant en œuvre ces propositions, que je vous propose de construire le contrat politique qui nous permettra de remporter une victoire définitive et durable contre la politique de Nicolas Sarkozy, de construire une alternative réussie.

La compétition présidentielle va être organisée pour brouiller les cartes. Ne tombons pas dans ce piège. Le contrat du Front de gauche pour 2011 et 2012 devra reposer sur le programme partagé ainsi construit, sur une vraie ambition pour la gauche, sur la volonté d'une majorité politique législative assise sur des engagements clairs, sur des candidatures aux cantonales, aux sénatoriales, à la présidentielle et aux législatives portant ces objectifs.

Pour le parti communiste, les choses sont claires : la force du Front de gauche sera collective et partagée ou ne sera pas. C'est ce qui a fait sa force jusque là. C'est ce qui fera sa force demain, quelque soit l'échéance affrontée. Pas de femme ou d'homme providentiel-le chez nous mais des candidat-es respectueux du contrat partagé que nous construirons avec les citoyen-nes.

On sait bien que cette démarche est exigeante mais, mes amis, mes camarades, nous pouvons dans les mois qui viennent franchir avec elle un cap décisif et passer de la possibilité d'une alternance à une réelle alternative politique.

Soyons confiants. On l'a vu en 2005 lors de la bataille du NON au referendum et on le voit aujourd'hui avec la bataille des retraites : parier sur l'intelligence populaire peut porter loin.

Avec le mouvement des retraites, le peuple a repris la parole. Ensemble, nous n'avons désormais plus qu'un seul cap : qu’il la garde. Je vous remercie.

vendredi 9 avril 2010

Les retraites : une question brûlante, un enjeu de civilisation

Une note réalisée par Catherine Mills à partir d'une reprise modifiée du chapitre 6 de l’ouvrage de Michel Limousin et Catherine Mills.

I. Une crise du système de retraites en liaison avec la crise systémique
Le système de retraites est confronté à des problèmes démographiques réels mais surtout au chômage et à la destruction des emplois qui minent les recettes.
Les retraites sont systématiquement présentées comme une charge, un boulet pour la société et pour les entreprises Pourtant, articulées à une politique familiale dynamique et moderne comme à une politique de formation (des jeunes, mais aussi d’une formation tout au long de la vie) et à une création d’emplois efficace, elles contribueraient au contraire au développement économique et social [Mills, 2009].
Cependant, il importe de répondre à l’ampleur des besoins de financement qui vont incontestablement monter : 65 milliards d’euros à dégager d’ici 2040, selon les prévisions du rapport du COR mais ce qui est loin des prévisions apocalyptiques des rapports antérieurs. Il s’agit de faire face à la montée des besoins sociaux liés à la démographie, à l’économie, aux inégalités en matière de retraites, à la nécessité d’une nouvelle politique de la vieillesse. La retraite à 60 ans est une grande conquête de 1982, toutes les forces progressistes doivent se rassembler pour la défendre avec des propositions de réforme alternatives aux plans du pouvoir

1) Sortir du fatalisme des projections démographiques
Il est vrai que le système par répartition sera exposé de 2010 à 2040 à un déficit démographique. L’arrivée à la retraite des générations du baby-boom et l’allongement de l’espérance de vie après 60 ans déséquilibrent le rapport de dépendance démographique2 et posent des problèmes sérieux au financement des régimes. La part relative des 60 ans et plus dans la population va monter, passant de 24% dans la population totale à 36% en 2040 (+ 50%). Le rapport des 60 ans et plus / les 20-60 ans pourrait passer de 0,38 en 2000 à 0,73 en 2040. De même, le rapport retraités / cotisants pourrait doubler, passant de 0,4 en 2000 à 0,8 en 2040, et il n’y aurait plus en 2040 que 1,2 cotisant par retraité.
Mais les projections démographiques se contentent le plus souvent de prolonger la tendance des vingt cinq dernières années et étaient excessivement fatalistes. Ainsi avait-t-on retenu un indice pour le taux de fécondité particulièrement bas. Les projections semblaient se résigner au fatalisme du déclin démographique pour accréditer l’idée qu’on ne pourrait plus financer les retraites et que des réformes drastiques seraient inéluctables.
Cependant les variables économiques jouent encore plus fortement que la démographie contre le financement des retraites. Après des années de croissance molle, c’est l’entrée dans une nouvelle phase explosive de la crise systémique du capitalisme. La récession ou la faiblesse durable de la croissance, la désindustrialisation, les délocalisations, le chômage massif la montée de l'exclusion et des emplois précaires, vont contribuer à dégrader fortement le rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités.
Si le déclin de la population active semble avoir été retardé, à l’horizon 2020, on assistera à l’insuffisance de la population active correspondant à des générations moins pleines que les précédentes.
Une remontée de l’indice de fécondité de 1,65 en 1974 à 2,09 enfants par femme d’âge fécond en 2010. Les études récentes montrent que le désir des couples s’établit à 2,3 donc au-delà du seuil de renouvellement des générations à savoir 2,1. Nous proposons de mobiliser les moyens financiers et non financiers pour répondre aux désirs des couples et contribuer ainsi à relever la population active de demain et don garantir le financement des retraites et de la protection sociale. Alain Monnier pour l’INED et bien d’autres chercheurs ont montré que la charge pour ceux qui travailleront à l’avenir ne sera pas plus importante qu’en 1963, époque où le financement pour les enfants était beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui.
La part des prestations vieillesse dans le PIB passerait de 12,6% en 2000 à près de 15% en 2040, mais cela est très inférieur aux prévisions des rapports antérieurs et en dessous de ce qu’exigerait l’augmentation relative de la population de plus de 60ans. Le premier rapport du COR avait estimé à 18,6% la part des prestations vieillesse dans le PIB, si l’on rétablissait la parité de pouvoir d’achat des retraités par rapport à celui des actifs. Une telle augmentation de 50%, n’aurait d’ailleurs rien d’insupportable, si on la compare avec le doublement de ce rapport au PIB entre 1960 et 2000, donc également en 40 ans (6% du PIB en 1960, 12% en 2000). Si le rapport du COR de 2007, dont les prévisions sont reprises dans le rapport de 2010, a le mérite de relativiser le besoin de financement des retraites ; 1% en 2020, 1,8% du PIB en 2040, puis 1,7% en 2050, soit 68,8 milliards d’euros, environ la moitié que dans les prévisions antérieures. Cela conduit à relativiser cette idée de choc démographique, en même temps, il faut remarquer que le rapport du COR intègre un taux de chômage de 4,5% sur toute cette période, ce qui n’est guère réaliste, même si on compte sur le ralentissement de la population active pour réduire le chômage. Or actuellement le taux de chômage se situe à 10% de la population active!
Certes d’autres facteurs peuvent influer, en premier lieu une politique démographique et familiale moderne, permettant d’accroître la population active de demain ainsi que l’augmentation du taux d’emploi et d’activité, notamment pour les femmes, les jeunes, les seniors. La poursuite du relèvement du taux de fécondité ou encore le recours à une immigration plus forte peuvent contribuer au relèvement du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités. Les ressorts démographiques d’une population sont liés au revenu, au pouvoir d’achat, à l’emploi, à la prise en charge collective de l'enfance, aux équipements collectifs et sociaux.

2) Des projections macro-économiques contestables
Les projections macro-économiques de long terme ne peuvent pas prétendre à une validité scientifique. Déjà pour l'année 2008 / 2009, les prévisionnistes ont montré leur incapacité à prévoir la crise financière et économique. Leurs projections ne peuvent pas être fiables car reposant sur un diagnostic peu sérieux sur les 40 années à venir. Elles ne sont pas fondées sur l'élaboration à l'avance de politiques pertinentes et volontaristes sur le très long terme. Les prévisionnistes soit rassurent à bon compte soit annoncent la catastrophe permanente tendant à justifier à l’avance des mesures de régression sociale. Comme pour la démographie, les experts prolongent les tendances actuelles, leurs modèles intègrent des hypothèses centrées sur les dogmes économiques libéraux. Certains penseurs de la pensée unique avaient prétendu que le besoin de financement des retraites serait assuré pour moitié par le fonds de réserve pour les retraites ou par des retraites par capitalisation. On sait ce qu’il est advenu avec le krach boursier. C’est pourquoi, il faut un nouveau type de politique économique et de gestion des entreprises, partant de l’intervention des acteurs sociaux, en rupture avec les dogmes libéraux. Il s’agirait de mettre en œuvre une nouvelle politique de l’emploi, des salaires et de la protection sociale, de la formation, un nouveau type de progression de la productivité du travail, une nouvelle logique de la croissance et du développement économique et social, du développement durable. Cela créerait les conditions pour relever la masse des revenus et des cotisations sociales et donc améliorerait le rapport entre cotisants et retraités : oui on peut financer les retraites de demain en agissant aussi sur les variables économiques.

3) La baisse programmée du taux de remplacement
Le taux de remplacement est le rapport entre la première pension servie et le dernier salaire perçu. Pour les salariés non cadres du secteur privé ayant une carrière complète , il se situe actuellement entre 78 % et 84 %, il passera à 67 % ou 68 % en 2040. Pour l’ensemble des salariés du privé (cadres et non cadres), le taux de remplacement baissera de 9 à 17 points en 2040. C’est dire les cassures brutales des niveaux de vie pour les salariés dès leur passage à la retraite .Le rapport du COR de 2010, intègre ces prévisions de régression des prestations servies aux retraités, ce qui explique, finalement, le peu de progression anticipée des besoins de financement des retraites : 1% du PIB en 2020, 1,8% en 2040 et 1,7% en 2050.

4) Les fonds de pension, le Fonds de réserve (FRR) et l’épargne retraite dans la débâcle
La débâcle des marchés financiers met à mal les fonds de pension. Le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) n’est pas épargné. Depuis le 1er janvier 2009 et en quelques semaines, il a perdu 11% de sa valeur, ce qui représente près de 3,8 milliards d’euros. Composé alors à 64% d’actions, le FRR paie le prix de la déconfiture des bourses. «Nous expérimentons à très forte dose la volatilité», commente Raoul Briet, président du conseil de surveillance. Cette « poche » actions a connu une perte de 25%..
Créé en 1999 par Lionel Jospin, le FRR avait vocation à être le « quatrième levier temporaire » du financement des retraites. Il devait contribuer au financement de trois régimes : outre la Cnav, citons la caisse de retraite des commerçants et chefs d’entreprise (Organic) et celle des artisans (Cancava). Mais pas avant 2020. Et d’ici là, le Fonds de réserve doit s’efforcer de maximiser cette contribution financière. Le FRR a indiqué que Lehman Brothers, la banque en faillite à laquelle il avait confié un mandat de gestion en juillet 2007
Le Fonds de réserves prétendant compléter la retraite par répartition, le FRR (Fonds de réserves des retraites) ou les réserves de l’Agirc et de l’Arrco (retraites complémentaires obligatoires), enregistraient, déjà fin 2008, de sévères moins-values : 20 % de moins pour le FRR par exemple. La raison de ces reculs est la forte exposition de ces fonds au risque des actions. La part relative des actions était environ de 25 % pour les réserves Agirc et Arrco, au-delà de 60 % pour le FRR. Depuis les effondrements des actions la part relative des obligation a été accrue et celle des actions réduite
L’épargne- retraite pas épargnée. Les produits d’épargne retraite se classent en trois grandes catégories : ceux souscrits dans un cadre personnel (plan d’épargne retraite populaire (PERP, PREFON…), les produits souscrits dans un cadre professionnel et destinés aux salariés (plan d’épargne collectif – PERCO, PERE…) et ceux destinés aux professions indépendantes (produits du type « Madelin » et « exploitants agricoles »). À la fin de l’année 2007, 2 millions de personnes détenaient un plan d’épargne retraite populaire (PERP) et 334 000 personnes étaient détentrices d’un plan d’épargne collectif (PERCO). Ces deux produits, créés par la loi portant réforme des retraites en 2003, ont poursuivi leur développement avec une hausse de respectivement de 6 % et de 66 % du nombre de salariés couverts,cependant en 2007-2008, on assiste à un ralentissement de la croissance de plusieurs produits. Certains produits d’épargne collective ont enregistré une baisse significative du montant des cotisations collectées (respectivement -6 % et -10 %). D’autres ont un nombre d’adhérents qui augmente dans des proportions plus faibles.

II. L’orientation des plans de réformes récents en France
1) S’inspirer des réformes des autres pays de l’UE
Réformes paramétriques ou réformes systémiques : les plans de réforme en s’inspirant des réformes dans l’UE prétendent agir su l’âge de la retraite pour le repousser, la durée d’assurance requise pour l’accroître, le niveau des pensions pour le réduire, par contre le débat sur le financement pour garantir la répartition est interdit alors que certains veulent pousser les régimes par capitalisation
La réforme des retraites en Suède
Une réforme dite systémique, bouleversant le système de retraite antérieur. Elle repose notamment sur une percée de la retraite par capitalisation, mais aussi sur un principe de comptes notionnels, entraînant un ajustement automatique en liaison avec la croissance. Le nouveau système de retraite est aujourd'hui source d'inquiétude pour de nombreux Suédois, qui voient fondre une partie de leur retraite placée d'office en Bourse. Cette réforme a programmé l'introduction obligatoire d'une retraite par capitalisation : une part des cotisations sociales payées par les salariés représentant 2,5 % de leur revenu est capitalisée, c'est-à-dire placée sur des fonds, généralement en actions, que chacun peut choisir dans un catalogue de fonds privés ou publics, validé par une agence publique. Après avoir augmenté de 30,2 % en 2005, 12 % en 2006 et 5,6 % en 2007, la valeur annuelle des fonds a baissé en 2008 de 34,5 %. Même contre leur volonté, les Suédois sont ainsi devenus acteurs de la Bourse. En outre en raison du principe des comptes notionnels, tous les ans, les Suédois reçoivent une information écrite dans laquelle est projetée leur retraite future en fonction de l'âge auquel ils s'arrêteront de travailler et de la croissance de l'économie (0 % ou 2 %). Entre s'arrêter à 61 ans, lorsque la croissance est de 0%, et à 70 ans si elle est de 2%, la retraite triple, passant de 900 à 3000 euros bruts par mois. Plus on retarde l'âge du départ à la retraite, plus la retraite augmente puisque l'on a moins longtemps à vivre. Et on touchera plus si la croissance est bonne, et vice-versa. En réalité, on a assisté à une baisse des retraites de 4% dès 2009.
Les retraites par capitalisation dans la crise
Les Fonds de pension, dans les pays anglo-saxons échappent totalement au contrôle des salariés et présentent d’énormes risques. Périodiquement des scandales éclatent, avec la perte pour les cotisants des fonds accumulés, les risques présentés par les fonds de pension spéculatifs sont inhérents aux aléas des marchés financiers.
La capitalisation des retraites n’offre aucune garantie dans un système spéculatif. L'OCDE a calculé que la chute des cours de bourse a fait baisser les pensions de 23% dans les pays où ce système de retraite par capitalisation prédomine. Les régimes privés de retraite ont subi de plein fouet le repli du cours des actions et de l’immobilier. Les pays les plus touchés sont ceux où les pensions privées jouent un rôle important dans les systèmes de retraite, comme en Australie, aux États-Unis et aux Pays-Bas, en Irlande. Mais les systèmes privés de retraites complémentaires ont perdu aussi 10% en Allemagne ou au Mexique.
En raison de la crise financière, les fonds de pension ont vu la valeur de leurs investissements reculer de 23 % en 2008, soit de quelque 5 400 milliards USD au total dans les pays de l’OCDE. Les marchés boursiers ont continué de chuter avant de se stabiliser à la mi-2009.En moyenne dans l’OCDE, la production se contracterait de plus de 4 % en 2009 et la reprise prévue pour 2010 devrait être faible Le taux de chômage, qui avait atteint son point le plus bas en 2007 (5.6 %), pourrait approcher les 10 % en 2010. Ainsi, ce qui était à l’origine une crise financière est désormais une crise économique et sociale.
Les régimes publics de retraite vont également être confrontés à des difficultés financières, dans la mesure où les recettes provenant des cotisations sociales s’amenuisent en raison de la montée du chômage et où les dépenses au titre de la redistribution augmentent pour compenser la baisse des pensions. De plus, là où ils existent, les fonds de réserve pour les retraites ont également subi des moins-values sur leurs placements. En outre, dans certains pays, comme en Irlande et en Norvège, ces fonds sont mis à contribution pour recapitaliser les banques et financer des programmes de travaux publics dans le cadre des politiques mises en oeuvre pour répondre à la crise.
Nombreuses sont les personnes qui ont perdu une part non négligeable de leur épargne-retraite investie dans des plans de retraite ou dans d’autres actifs financiers. La situation est particulièrement aigue pour les salariés les plus âgés, ceux- ci rencontrent des difficultés pour trouver un nouvel emploi en cas de licenciement, mais ils n’ont guère le temps de reconstituer leur épargne avant de devoir commencer à puiser dans leurs actifs pour financer leur retraite. Les revenus d’épargne, pensions privées comprises, représentent en moyenne un quart des revenus des retraités dans les pays de l’OCDE. Dans sept d’entre eux, ils atteignent plus de 40 %. Les pertes subies entraînent une augmentation de la pauvreté parmi les retraités . De nombreux pays de l’OCDE sont dotés de programmes sociaux faisant office de « stabilisateurs automatiques sociaux » qui atténuent l’impact sur le revenu global des retraités des moins-values enregistrées sur les placements financiers. Ainsi, des prestations soumises à conditions de ressources sont accordées aux personnes dont les retraites sont tombées en dessous d’un certain seuil. Dans certains pays, toutefois, les filets de protection sociale envers les personnes âgées risquent d’être insuffisants en cas d’effondrement des revenus de l’épargne privée. Des mesures de protection sociale devront s’avérer nécessaires afin de surmonter la crise actuelle.
Les pouvoirs publics pourraient être contraints à apporter une aide immédiate au-delà d’une simple prévention de la pauvreté des personnes âgées. Mais ils peuvent être tentés de faire basculer les chômeurs âgés vers les régimes d’assurance invalidité ou d’assurance maladie longue durée, ou de réintroduire les mesures de retraite anticipée, ces dispositifs pèsent particulièrement lourd sur les finances publiques. Selon l’OCDE, de telles mesures enverraient un signal erroné et iraient à l’encontre de l’objectif de relèvement de l’âge effectif de la retraite pour compenser les effets du vieillissement de la population.
La crise a souvent servi d’alibi pour conforter l’idée que la poursuite des réformes s’impose à la fois pour les régimes publics et privés de retraite. L’OCDE réclame un examen minutieux des systèmes publics de retraite afin de s’assurer qu’ils offrent une protection efficace contre la pauvreté. Dans certains pays, la crise a en effet révélé que les filets de protection sociale étaient très insuffisants et que le taux de pauvreté était élevé parmi les personnes âgées.
De nombreux pays ont introduit des mécanismes d’ajustement automatique des retraites liant les dépenses au titre des retraites à l’espérance de vie, à la hausse des salaires ou aux actifs des fonds de réserve. Ces mécanismes ont été conçus en des temps de croissance économique régulière. Ils se sont avérés pro-cycliques en période de récession. Leur application stricte contraindrait certains pays à réduire les pensions, y compris en valeur nominale dans certains cas. Les pouvoirs publics doivent donc envisager des ajustements aux règles d’application de ces mécanismes, leur suspension temporaire jusqu’au redémarrage de l’activité économique ou, de les appliquer de façon sélective en en dispensant les groupes de retraités les plus vulnérables.
La confiance dans les régimes de pension privés a été très entamée par la crise. Dans plusieurs pays de l’OCDE, des voix s’élèvent de plus en plus en faveur de l’abandon des régimes mixtes de retraite ou pour un recours exclusif à un système public de retraite par répartition. En République slovaque, par exemple, les salariés affiliés aux nouveaux dispositifs de retraite à cotisations définies ont été autorisés à réintégrer le régime public. D’autres économies d’Europe orientale envisagent également de revenir sur les réformes engagées. Mais selon l’OCDE, ces pays feraient fausse route, la crise économique et financière aurait selon l’organisation détourné l’attention des questions liées au vieillissement démographique auquel sont confrontés les systèmes de retraite, mais selon elle, ces questions n’ont pas disparu pour autant et elles devraient être résolues rapidement.
Cependant, pour empêcher tout retour en arrière, selon l’OCDE, il faudrait rétablir la confiance dans l’épargne-retraite privée. La crise a montré qu’il était impératif de modifier le fonctionnement des régimes privés, ce qui, selon l’Organisation, requiert une meilleure réglementation, une administration plus efficiente, une plus grande transparence sur les risques et avantages liés aux différentes options, ainsi qu’un basculement automatique vers des investissements moins risqués à mesure que l’on s’approche de l’âge de la retraite. Pour l’OCDE , les autorités doivent démontrer de façon convaincante le bien fondé des systèmes de
retraite diversifiés, associant des éléments publics et privés, par répartition et par capitalisation, individuels et collectifs, afin que « les efforts » qu’elles auront déployés au cours des dernières années pour préserver la prospérité de sociétés vieillissantes, soient couronnés de succès PANORAMA DES PENSIONS 2009 – LES SYSTÈMES DE RETRAITE DANS LES PAYS DE L’OCDE © OCDE 2009

2) Le passage à la retraite par points : aucune garantie pour l’avenir des retraites.
A la demande des parlementaires de la majorité, le Conseil d'orientation des retraites (COR) a examiné l'impact d'une réforme d'envergure du système de retraite, qui le ferait passer du régime actuel, en annuités cotisées, vers un régime par points. Le rapport que le COR a publié en février 2010 sera l'une des bases de la réforme annoncée par Nicolas Sarkozy pour septembre 2010. Un système par points est déjà pratiqué d’une certaine façon pour les retraites complémentaires (Arrco - Agirc) . Cette réforme d’envergure dite systémique ou structurelle tendrait ici à ce que pendant toute sa vie active le salarié ne connaisse que la retenue subie sur son salaire, il ne peut savoir quelle sera sa pension. Il resterait dans une ignorance totale du montant de sa pension complète puisque la valeur du point doit être déterminée chaque année. Sa pension complète n’est pas définie selon un pourcentage précis du salaire de référence (en particulier le dernier salaire d’activité). La garantie fondamentale du niveau de la pension initiale n’est en aucune manière assurée. En « travaillant plus » selon une formule célèbre, et plus longtemps le salarié peut espérer avoir un peu plus…. mais il aura cotisé plus, et il aura réduit de plusieurs années la durée de sa période de retraite, sans trop savoir le résultat final qui peut s’écrouler à tout moment.
Les garanties fournies aux salariés sont beaucoup plus faibles que ce qui se passe avec les calculs actuels par annuités; puisqu’il n’existe pas de taux de remplacement garanti pour une durée normale de carrière ; les salariés ne sont pas assurés de toucher une retraite satisfaisante, qui suivra le niveau de vie des actifs. Pour éviter un déficit il suffit de réduire la valeur du point, - cela touche tous les retraités - (ou d’augmenter sensiblement le prix d’achat du point).

3) L’augmentation de la durée des cotisations pour recevoir une retraite complète.
37,5 ans ? 40 ans ? 41 ans ? 42 ans ? Et demain encore plus si on écoute le Medef. Nous faisons remarquer que durant toute la seconde partie du XXème siècle, 37,5 ans suffisaient alors que les richesses totales produites étaient bien moindres qu’aujourd’hui. Actuellement un nombre considérable de travailleurs est sans emploi dès l’âge de 55 ans. Les jeunes de moins de 25 ans sont aussi durement touchés par le chômage (25%). La société capitaliste actuelle se prétend dans l’incapacité de donner du travail à tous. Aussi il est paradoxal de vouloir reporter l’âge de la retraite et la durée de cotisations requise, en prolongeant la durée de travail de tous alors que 2/3 des salariés âgés sont au chômage ou dans des dispositifs d’éviction du marché du travail. En fait ce qui est recherché ce n’est pas l’augmentation du temps de travail mais la réduction des droits et finalement une diminution du montant des pensions pour tous.

4) Une Nouvelle étape : la remise en cause de l’âge légal de la retraite à 60 ans alors qu’on n’osait pas jusque là remettre en cause les avancées du texte de 1982 .
Ainsi, afin de préparer les esprits et de justifier la réforme programmée par le pouvoir, le Conseil d'orientation des retraites va expertiser le relèvement de l'âge légal de départ à 65 ans
L'impact financier de « sept variantes » va être chiffré d'ici à la mi-avril. Parmi celles-ci : le relèvement de l'âge légal de départ à 63 ans ou même 65 ans, et une augmentation jusqu'à 45 ans de la durée de cotisation.
Les « sept variantes » sur l'évolution de la durée de cotisation et de l'âge légal de départ à la retraite auraient selon le COR « une vocation purement illustrative », cette demande émanerait de certains membres du Conseil notamment du MEDEF mais sans doute aussi de parlementaires et hauts fonctionnaires dévoués au pouvoir. Les mesures sur les retraites qui vont être expertisées financièrement insistent sur l'ampleur des problèmes à résoudre. En avril 2008, le COR avait chiffré les effets d'un relèvement progressif de l'âge légal de départ à taux plein pour les assurés ayant suffisamment cotisé, de 60 ans à 61 ou 62 ans.
Cette fois, certains scénarios iront beaucoup plus loin. Le passage de l'âge légal à 63 ans d'ici à 2025 (génération née en 1962), à raison d'un trimestre de plus chaque année, va être expertisé, de même qu'un relèvement jusqu'à 65 ans d'ici à 2035 (génération née en 1970). Cela pourrait permettre au gouvernement de montrer qu'il opte pour une voie médiane en fixant, par exemple, le curseur à 62 ans. Le COR va examiner en parallèle l'impact du relèvement d'une autre borne d'âge fixée aujourd'hui à 65 ans. Actuellement, à compter de cet âge, un salarié peut liquider sa retraite sans décote même s'il n'a pas suffisamment cotisé (sa pension est alors proportionnelle à sa durée de cotisation).
Cette borne est donc essentielle pour les personnes ayant eu des carrières accidentées. On prétend qu’il serait logique, alors que l'âge légal de 60 ans serait augmenté, de relever d'autant la borne des 65 ans pour garder l'effet dissuasif de la décote. Le Conseil va donc chiffrer un passage de cette borne à 68 ans (avec âge légal de départ porté à 63 ans) et même 70 ans (âge légal à 65 ans). L'impact financier sera alors bien plus important. Un scénario avec une seule borne d'âge, à 65 ans, va aussi être testé. 45 ans de cotisation à l'étude
Pour la durée de cotisation, la loi Fillon prévoyait, d'ici à 2020, une augmentation en lien avec l'évolution de l'espérance de vie, soit le maintien constant du rapport entre durée de cotisation et durée moyenne de la retraite. C'est ce qui légitime le passage progressif de 40 ans à
41 ans de la durée de cotisation d'ici à 2012, et à 41,5 ans d'ici à 2020 en fonction des variables démographiques. Le COR va chiffrer les effets de la poursuite de cette règle au-delà de 2020 : cela porterait la durée de cotisation à 43,5 ans d'ici à 2050 (génération née en 1990). Autre scénario expertisé : une hausse « plus rapide et importante de la durée » qui serait portée à 45 ans d'ici à 2028, soit un trimestre supplémentaire par an à partir de 2013. Des scénarios encore plus « durs » combinant ces fortes hausses de la durée de cotisation et de l'âge légal de départ vont enfin être étudiés. Le gouvernement envisageait ces dernières semaines de coupler le relèvement rapide de l'âge légal avec la poursuite de la hausse de la durée de cotisation au-delà de 2020 en vertu de la loi Fillon
Le COR va simuler les impacts de ces variantes en termes de masse de prestations versées, en prenant pour référence le scénario économique médian récemment actualisé, à savoir un taux de chômage ramené à 4,5 % à partir de 2021 (6,7 % en 2015) et des gains de productivité de 1,5 % par an. Le Conseil avait calculé en 2008 qu'un passage de l'âge légal à
61 ans réduirait de 2,7 milliards d'euros le besoin annuel de financement du seul régime général (salariés du privé) en 2020. A 62 ans, le gain atteindrait 6,6 milliards. Mais il se réduirait à long terme et serait loin d'être suffisant.

5) La période de référence pour établir le montant des pensions qui concernait les dix meilleures années en 1993 a été portée à 25 années.
Ceci entraîne une baisse des retraites. Nous nous prononçons pour le retour au principe des dix meilleures années dans le privé. Pour les fonctionnaires dont les salaires sont plus bas et progressifs, soumis au glissement technicité vieillesse, nous demandons le maintien du système actuel des six derniers mois comme base de calcul.
De même nous voulons rétablir l’indexation sur les salaires et non sur les prix qui a tellement dégradé l’évolution du pouvoir d’achat des retraites
Nous avançons des propositions alternatives [Mills, 2003, 2009] pour sortir des lois Fillon et Balladur ainsi que des « réformes » en cours et construire le système solidaire de retraites de demain.

III. Des propositions alternatives pour les retraites
1. Il faut répondre aux nouveaux besoins liés à la retraite :
Répondre aux besoins liés à la démographie en mettant en place une nouvelle politique de la vieillesse .
La part des 60 ans et plus va effectivement augmenter, mais l’accroissement de l’espérance de vie doit être considéré comme un fait positif. Le système de retraites permet le remplacement des salariés âgés. Garantir les retraites est un objectif moderne et efficace qui contribue à un autre type de progression de la productivité du travail, surtout s’il est articulé à une politique familiale dynamique créant la force de travail de demain, à une politique de formation des jeunes et à une politique de création d’emplois. Il s’agirait de créer les conditions pour que les retraités les plus jeunes puissent mieux intervenir dans la société à travers des formules de solidarité (la formation, l’aide inter-générationnelle, etc.). Cela implique de promouvoir la prévention à tous les âges pour lutter contre les dégradations de la santé ; ceci passe aussi par l’amélioration des conditions de travail et de vie (santé au travail, risques environnementaux…).Financer de façon solidaire et efficace le risque dépendance dont les besoins vont monter en relation avec la démographie, créer un nouveau service public de la dépendance.
S’attaquer aux inégalités par rapport à la vieillesse :
Il faut revaloriser le pouvoir d’achat des retraites qui s’est dégradé depuis 1993 et qui se dégradera de plus en plus avec la montée en charge des mesures de la réforme Veil-Balladur, de la réforme Fillon de 2003 et de la déferlante des réformes hyper-libérales de Sarkozy. Des inégalités subsistent en ce qui concerne la mortalité prématurée des adultes, celle-ci restant particulièrement élevée chez les ouvriers de sexe masculin. Les pensions les plus basses doivent être revalorisées et le taux de réversion des pensions élevé de 52% à 62%. Sortir des inégalités hommes-femmes par rapport à la retraite
La reconnaissance réelle de la pénibilité du travail Une conception plus souple de l’âge de la retraite consiste d’abord à remettre en cause les couperets du chômage et de l’éviction précoce des travailleurs vieillissants. La possibilité d’avancer l’âge de la retraite avant d’avoir atteint 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt et ont totalisé 40 années de cotisation, n’a été que partielle dans la loi Fillon. Cette mesure dite pour les longues carrières représentant un coût de 4 milliards d’euros par an, est largement controversée dans la majorité. Quant à la reconnaissance de la pénibilité du travail qui devait conduire à un avancement de l’age de la retraite, les négociations échouent sous la pression du MEDEF qui refuse de financer
Une articulation nouvelle entre politique de la retraite et sécurisation de l’emploi et de la formation .
Il faut rompre avec l’éviction des travailleurs vieillissants : quand ils prennent leurs retraites, les deux tiers des salariés sont déjà sortis prématurément du monde du travail dès 55 ans (préretraites, dispenses de recherche d’emploi, retraite anticipée forcée, chômage, RMI…) ; ceci signifie des cotisations en moins pour le système de retraite et des prestations en plus pour le système de protection sociale. La France atteint ainsi le record du taux d’activité le plus bas des hommes après 55 ans (moins de 38%). Il est indispensable de relever ce taux pour les salariés de 55 à 59 ans pour contribuer à remonter le taux d’activité global ; dans le même temps, le taux d’activité des femmes et des jeunes doit aussi être accru. Cela pose la question de la construction d’un nouveau système de sécurité d’emploi et de formation. Pour les jeunes, cela impliquerait la création d’ une allocation- autonomie- formation et la prise en charge comme période cotisée de leurs années d’études.

2. Une refonte et un développement du financement sont indispensables pour garantir l’avenir de la retraite par répartition. Il faut mener réellement le débat sur le financement
Il faudra dégager d’ici 2040 selon le rapport du COR ,1,8 points de PIB supplémentaires, ce qui, en réalité, est peu au regard de la seule démographie et de la montée des besoins sociaux liés à la retraite. Nous voulons garantir le financement des retraites et répondre aux nouveaux besoins, en maintenant et en développant le système par répartition.

1) Critique de la capitalisation même à petites doses:
La répartition se fonde sur le versement immédiat des cotisations des actifs employés pour servir des prestations à ceux qui sont à la retraite. Elle fournit un moteur à la croissance économique car ces prestations permettent de soutenir la demande effective, donc l’incitation à investir pour les entreprises et l’emploi. Elles servent aussi à remplacer la force de travail et constituent un facteur de développement de la productivité du travail.
En revanche, la capitalisation, qui joue sur le dogme de l’épargne individuelle, s’effectue au détriment de la demande effective, les fonds capitalisés sont retirés de la croissance réelle, de l’emploi et des besoins des retraités. Ceux-ci se retrouvent contraints de s’engager dans des fonds de pension privés, dont les variantes sont nombreuses (fonds d’entreprise, de branches, ou plans d’épargne individuels). Gérés par les institutions financières, banques, compagnies d’assurance, ces fonds sont par nature dépendants de la rentabilité des marchés financiers et soumis à leurs aléas (inflation, crises boursières…). La capitalisation est branchée sur la croissance financière, voire la spéculation et non sur la croissance réelle et l’emploi. Elle nécessite des réserves financières considérables (trois fois plus que pour un système de retraite par répartition), donc des prélèvements plus lourds pour des prestations réduites. Il est faux de penser que la capitalisation puisse fournir un complément à la répartition, car les fonds épargnés font défaut au système par répartition et ne peuvent se développer que contre les besoins de relance de la croissance réelle.
Une refonte du financement pour garantir la retraite par répartition branchée sur le développement de l’emploi et sur un nouveau type de croissance, à partir du développement des ressources humaines (formation, salaires, promotion des salariés) est indispensable.

2) Développer le principe d’une articulation entre le financement de la protection sociale et l’entreprise, lieu de création des richesses. Mener le débat sur une réforme de l’assiette des cotisations sociales
Il es possible, et le rapport du COR lui-même a montré, sans s’avancer pour autant, que c’était efficace, d’accroître les taux et les masses des cotisations sociales, notamment patronales .Un relèvement de la part des salaires dans les richesses créées, laquelle a perdu près de 10 points depuis 1983 est indispensable car ce sont les salaires et l’emploi qui contribuent au financement de la protection sociale. Le débat sur un financement efficace de la retraite doit être mené. On pourrait dégager de nouveaux financements à partir d’une réforme de l’assiette des cotisations patronales. En effet, la répartition actuelle des cotisations patronales liée au type de gestion des entreprises, est telle que plus une entreprise embauche et accroît les salaires, plus elle paye de cotisations, alors qu’une entreprise qui licencie, comprime la part des salaires dans la valeur ajoutée et fuit dans les placements financiers, paye de moins en moins de cotisations. Ainsi, les entreprises de main-d’œuvre (notamment le BTP) ont une part de charges sociales dans la valeur ajoutée qui est plus du double de celle des institutions financières, des banques, des compagnies d’assurances. Il s’agirait de corriger ces effets pervers liés aux gestions capitalistes
Dans l’objectif d’accroître le taux et la masse des cotisations patronales, on pourrait moduler le taux de cotisation en fonction d’un rapport masse salariale / valeur ajoutée, de telle sorte que les entreprises qui limitent les salaires et licencient soient assujetties à des taux beaucoup plus lourds. Inversement, les entreprises qui développent les emplois, les salaires, la formation, seraient assujetties à des taux relativement plus bas mais cela contribuerait à la création d’ emplois et à l’accroissement des salaires et donc aux rentrées de cotisations sociales.
Une nouvelle cotisation sur les revenus financiers des entreprises et des institutions financières. Ces revenus s’élèvent en 2008, selon le Rapport sur les Comptes de la Nation à 260 milliards d’euros. Ils ne participent pas au financement de la protection sociale, ils se développent au détriment de la croissance réelle et de l’emploi et participent à l’explosion de la crise systémique. Nous proposons de les soumettre au taux de la cotisation patronale sur les salaires, soit 8% pour les retraites, ce qui apporterait près de 22,2 milliards d’euros en ressources au système des retraites. L’objectif est de faire face aux besoins sociaux urgents de financement et de garantie de la retraite par répartition, en réorientant l’argent vers la croissance réelle, l’emploi, les besoins sociaux, et en s’attaquant à la racine de cette course à la financiarisation

3) Des moyens de financement indispensables pour faire face aux besoins urgents pour une réforme de progrès des retraites.
Rompre avec la régression du pouvoir d’achat des retraites :
La régression du pouvoir d'achat des retraités sur les 10 dernières années peut être évaluée à plus de 10%. La suppression, par la loi Balladur de 1993, de l'indexation des retraites du régime général sur les salaires et son remplacement par l'indexation sur les prix ont rompu le lien de solidarité intergénérationnelle qui est à la base du système par répartition. Cela a été aggravé par les accords AGIRC et ARRCO sur les retraites complémentaires, de nouvelles menaces pèsent sur ces régimes. Bien loin d'être des « nantis », les retraités sont parmi les oubliés de la croissance. Il y a donc une urgente nécessité à inverser la tendance et, pour cela, à déterminer des garanties quant au montant et à l'évolution des retraites qui permettent leur revalorisation effective et le rattrapage du pouvoir d'achat perdu.
Brancher le financement des retraites sur un nouveau type de politique économique et de gestion des entreprises afin de dynamiser, emploi, formation tout au long de la vie et salaire qui sont au cœur du financement des retraites
La sécurisation et le développement de l’emploi et de la formation, au centre des missions nouvelles des Conseils régionaux
Des Fonds régionaux pour l’emploi et la formation pour sortir des aides aux entreprises non conditionnées, organisant un véritables gâchis des Fonds publics, sans changements des critères de gestion des entreprises, ni de l’orientation des Fonds, ni des critères d’ octroi des crédits des banques aux entreprises.
Rompre avec la fuite en avant dans les exonérations de cotisations patronales qui ne créent pas d’emplois et tirent tous les salaires vers le bas.
Le montant des compensations effectuées, souvent avec retard et non totalement à la sécu pourrait être efficacement converti, en rompant avec ces exonérations prétendant favoriser l’emploi, avec le peu d’efficacité, dénoncée y compris par Philippe Séguin alors président de La Cour des Comptes, en Fonds régionaux et nationaux pour l’emploi et la formation. A la réduction proclamée des « charges sociales » il convient d’opposer la réduction prioritaire des coûts de matières premières, sources d’énergie, matériaux polluants dégradant l’environnement et la santé des travailleurs et des citoyens, ainsi que des coûts du gonflement du capital fixe, comme des charges d’endettement, particulièrement lourdes pour le PME. L’objectif serait d’ inciter les Banques, par la prise en charge , à partir de ces nouveaux Fonds,des bonifications sélectives de charges d’ intérêt, à un nouveau crédit, pour les entreprises, notamment aux PME, d’autant plus qu’elles centrent leurs investissements productifs sur le développement de l’emploi et de la formation. Cela exigerait de partir des interventions des salariés eux-mêmes, avec des institutions de fait et de droit d’ un type nouveau, à savoir des Conférences régionales, comprenant tous les acteurs, en partant des besoins du terrain et de leurs propres demandes, en liaison avec les luttes et l’évaluation des besoins, des réalisations ou au contraire des destructions d’emplois, pour des plans régionaux et nationaux , déclinés par grand secteur, et par entreprise, à l’appui des demandes des syndicats et des salariés, en matière d’emplois et de formations .
Il s’agirait aussi face à la crise financière et économique, aux gâchis monumentaux de Fonds publics prétendument pour sauver les entreprises et les banques, sans remise en cause des critères de gestion des entreprises et d’octroi des crédits de viser des relances véritables et durables, à partir de la construction de pôles publics, de nouveaux services publics, de la petite enfance, jusqu’à la dépendance, incluant un service universel d’emploi et de formation.
Cela inclurait le niveau européen, avec d’autres statuts et d’autres missions de la BCE , notamment une mission nouveau type de croissance et emploi, ce qui impliquerait là- aussi un autre crédit ;
Cela implique aussi pour sortir efficacement de la nouvelle phase explosive de la crise systémique, la construction de pôles publics du crédit et leur articulation au plan européen. Des luttes concertées, notamment sur cette question des attaques contre les retraites comme en Grèce, devraient être organisées par les forces progressistes et syndicales.
Enfin au plan mondial il s’agirait d’avancer vers des coopérations de progrès pour le développement de tous les peuples et notamment à partir d’un tout nouveau FMI, avec l’avancée vers une monnaie commune mondiale pour le développement. Enfin les forces de progrès pourraient revendiquer des avancées vers des Biens et services communs à toute l’humanité, de l’alimentation à la santé…

Appel unitaire : Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites

Le gouvernement français s’apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %. Elles ont aggravé les inégalités déjà fortes entre les pensions des hommes et des femmes. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen – niveau de la retraite par rapport au salaire, passerait de 72 % en 2007 à 59 % en 2050. Cette dégradation continuera donc de frapper les actuels retraités et touchera également les générations suivantes.
Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement veut aller encore plus loin en supprimant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans en le portant à 62, voire 65 ou 67 ans, comme le demande le Medef, et en remettant en cause le calcul sur les six derniers mois d’activité des retraites du secteur public. Jumelées avec un nouvel allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, ces mesures condamneraient à la pauvreté la plupart des futurs retraités, surtout les femmes et tous ceux et celles qui ont connu et connaîtront des périodes de chômage et de précarité importantes. Ce sont les salarié-es les plus jeunes qui subiraient les effets cumulés de ces orientations au moment de partir à la retraite.
Le gouvernement et le patronat persistent à vouloir durcir les conditions de départ en retraite alors même que les entreprises continuent de se débarrasser des salariés âgés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits. Exiger que les salariés travaillent et cotisent plus longtemps, alors que l’âge moyen de cessation d’activité est de 59 ans, ne vise qu’à baisser le niveau des pensions. De plus, cette logique remet en cause la solidarité intergénérationnelle. Il n’y a aucun sens à augmenter l’âge de la retraite alors que le chômage de masse sévit pour les jeunes. Au lieu de voir dans la retraite par répartition une transmission perpétuelle et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante, le gouvernement et le patronat, afin d’attiser la division, la stigmatisent comme un fardeau pour la seule génération à venir.
Le danger ne s’arrête pas là. Le COR dessine les contours d’une réforme pour remplacer notre système par un autre « par points » ou « par comptes notionnels ». Dans les deux cas, il s’agirait de ne plus avoir à assurer un taux de remplacement du salaire défini à l’avance et de faire de la variation du niveau des pensions le moyen d’équilibre financier des régimes. Cela aggraverait encore la baisse du niveau des pensions et contraindrait les salariés, particulièrement les salarié-es pauvres et effectuant les travaux pénibles, à travailler toujours plus longtemps.
La vraie raison des mesures qui s’annoncent n’est pas liée à la démographie. La crise financière a provoqué une récession et donc une flambée des déficits publics. Les États continuent benoîtement à financer leurs déficits en empruntant sur ces mêmes marchés financiers qui ont provoqué la crise. Réduire ces déficits pourrait se faire par une taxation du capital. Mais les spéculateurs refusent évidemment cette solution, demandent que les États donnent des gages et exigent une réduction des dépenses publiques.
Une alternative à cette régression sociale existe pourtant. A moins de décréter la paupérisation des retraité-es, il est normal de couvrir les besoins sociaux liés à l’augmentation de leur part dans la population par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite. Les déficits des caisses de retraite sont essentiellement dus au refus obstiné de le faire. Pourtant, le besoin supplémentaire de financement nécessaire aux retraites est réalisable puisqu’il a été chiffré en 2007 par le COR entre 1 et 2 points de PIB jusqu’en 2050, à comparer avec la chute de la part de la masse salariale de 8 points au cours des dernières décennies et avec l’explosion correspondante des dividendes, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % en 2007. Il est donc juste d’augmenter la part des salaires et des pensions dans la richesse produite en s’attaquant aux profits. Le financement des retraites est possible à condition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers. C’est ce partage qui constitue le tabou à faire sauter, et non l’âge de départ. Il s’agit là d’un choix politique de justice et de solidarité.
La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » et la destruction des solidarités sociales. Nous souhaitons contribuer à une vaste mobilisation citoyenne (réunions publiques, appels locaux…) pour stopper cet engrenage.

A voir
Pour voir les signataires et signer l'appel :
Le gouvernement français s’apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %. Elles ont aggravé les inégalités déjà fortes entre les pensions des hommes et des femmes. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen – niveau de la retraite par rapport au salaire, passerait de 72 % en 2007 à 59 % en 2050. Cette dégradation continuera donc de frapper les actuels retraités et touchera également les générations suivantes.
Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement veut aller encore plus loin en supprimant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans en le portant à 62, voire 65 ou 67 ans, comme le demande le Medef, et en remettant en cause le calcul sur les six derniers mois d’activité des retraites du secteur public. Jumelées avec un nouvel allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, ces mesures condamneraient à la pauvreté la plupart des futurs retraités, surtout les femmes et tous ceux et celles qui ont connu et connaîtront des périodes de chômage et de précarité importantes. Ce sont les salarié-es les plus jeunes qui subiraient les effets cumulés de ces orientations au moment de partir à la retraite.
Le gouvernement et le patronat persistent à vouloir durcir les conditions de départ en retraite alors même que les entreprises continuent de se débarrasser des salariés âgés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits. Exiger que les salariés travaillent et cotisent plus longtemps, alors que l’âge moyen de cessation d’activité est de 59 ans, ne vise qu’à baisser le niveau des pensions. De plus, cette logique remet en cause la solidarité intergénérationnelle. Il n’y a aucun sens à augmenter l’âge de la retraite alors que le chômage de masse sévit pour les jeunes. Au lieu de voir dans la retraite par répartition une transmission perpétuelle et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante, le gouvernement et le patronat, afin d’attiser la division, la stigmatisent comme un fardeau pour la seule génération à venir.
Le danger ne s’arrête pas là. Le COR dessine les contours d’une réforme pour remplacer notre système par un autre « par points » ou « par comptes notionnels ». Dans les deux cas, il s’agirait de ne plus avoir à assurer un taux de remplacement du salaire défini à l’avance et de faire de la variation du niveau des pensions le moyen d’équilibre financier des régimes. Cela aggraverait encore la baisse du niveau des pensions et contraindrait les salariés, particulièrement les salarié-es pauvres et effectuant les travaux pénibles, à travailler toujours plus longtemps.
La vraie raison des mesures qui s’annoncent n’est pas liée à la démographie. La crise financière a provoqué une récession et donc une flambée des déficits publics. Les États continuent benoîtement à financer leurs déficits en empruntant sur ces mêmes marchés financiers qui ont provoqué la crise. Réduire ces déficits pourrait se faire par une taxation du capital. Mais les spéculateurs refusent évidemment cette solution, demandent que les États donnent des gages et exigent une réduction des dépenses publiques.
Une alternative à cette régression sociale existe pourtant. A moins de décréter la paupérisation des retraité-es, il est normal de couvrir les besoins sociaux liés à l’augmentation de leur part dans la population par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite. Les déficits des caisses de retraite sont essentiellement dus au refus obstiné de le faire. Pourtant, le besoin supplémentaire de financement nécessaire aux retraites est réalisable puisqu’il a été chiffré en 2007 par le COR entre 1 et 2 points de PIB jusqu’en 2050, à comparer avec la chute de la part de la masse salariale de 8 points au cours des dernières décennies et avec l’explosion correspondante des dividendes, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % en 2007. Il est donc juste d’augmenter la part des salaires et des pensions dans la richesse produite en s’attaquant aux profits. Le financement des retraites est possible à condition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers. C’est ce partage qui constitue le tabou à faire sauter, et non l’âge de départ. Il s’agit là d’un choix politique de justice et de solidarité.
La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » et la destruction des solidarités sociales. Nous souhaitons contribuer à une vaste mobilisation citoyenne (réunions publiques, appels locaux…) pour stopper cet engrenage.

A voir
Pour voir les signataires et signer l'appel :
http://blog.exigences-citoyennes-retraites.net

lundi 29 mars 2010

INTERVENTION D'ALAIN BACHE, CONSEILLER REGIONAL, Le 26/03/2010

Monsieur le Président,
Cher(e)s Collègues,

C’est avec beaucoup de satisfaction qu’en tant qu’élu du Front de Gauche –Parti Communiste Français (dont je représente ici la sensibilité), Parti de Gauche, Gauche Unitaire, personnalités issues du mouvement associatif, culturel et syndical- je m’exprime ce matin.
Pour être élu, nous n’avons pas choisi la facilité.
Notre choix était simple pour le 1er tour, battre la droite, faire pencher le curseur à gauche et faire gagner la gauche dans le rassemblement au 2nd tour.
Dans cette démarche, nous avons ouvert un espace que nous voulons voir prolonger.
Qu’il me soit permis ici de remercier nos colistiers, ces femmes et ces hommes issus du PCF, du PG, de la Gauche Unitaire, du mouvement social, de s’être engagés ensemble et d’avoir construit du commun. Je remercie également nos électrices et nos électeurs.
Le 2nd tour comme au niveau national, en Aquitaine confirme la défaite de la droite.
Le gouvernement est sanctionné. Le résultat obtenu par le Ministre Darcos confirme le désaveu des politiques décidées par ce même gouvernement. Le Front de Gauche a contribué à ce résultat. Il constitue aujourd’hui sans contexte une des trois forces qui ensemble ont permis le succès.
Néanmoins, ce succès nous laisse un goût amer, nous ne retrouvons pas en sièges le nombre d’élus issu de la représentation que nous ont donnée les 64.000 Aquitains. Même si beaucoup se félicitent, qu’après une parenthèse de 6 ans, la sensibilité communiste retrouve place dans l’institution régionale, nous sommes loin d’une représentation démocratique.
La démocratie, le rassemblement, l’unité demandent que soit respecté le choix des électrices et électeurs qui nous ont fait confiance.
Cette déficience de la représentation démocratique, que le projet de réforme institutionnelle avec un scrutin majoritaire à un tour, pousserait à l’extrême, participe, avec la non réponse aux besoins de la population, à cette progression inquiétante de l’abstention.
Nous avons tous la responsabilité de nous y attaquer par l’approfondissement de la démocratie et la mise en œuvre de politiques publiques répondant aux besoins.
Nous avons voulu la victoire de la gauche.
Aussi, nous voulons poursuivre dans l’institution ce combat en continuant trois volontés :
- Lutter
- Construire
- Rassembler toutes les régions pour construire d’autres réformes et rejeter la réforme territoriale.

En tant qu’élu de cette assemblée je serai porteur pendant 4 ans de ce combat transformateur et rassembleur.
Je le ferai en lien étroit avec les mouvements sociaux et leurs exigences
Et je veux ici saluer ces dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui mardi ont battu le pavé en Aquitaine, et fait grève pour se faire entendre.
Il est de notre responsabilité, et j’y apporterai toute ma contribution, de donner force, efficacité et espoirs à ces mouvements dans nos politiques publiques.

Oui, je voudrai faire partager ma volonté de faire de l’Aquitaine une collectivité qui résiste, et qui construit.
Résistances pour plus de justice sociale.
Résistance démocratique pour mettre en échec la réforme territoriale, mais aussi élargir les droits et pouvoirs des citoyens et des salariés dans les entreprises.
Volonté aussi de construire ensemble, la réponse aux besoins, une autre mobilisation et utilisation des richesses nationales, un contrôle de l’utilisation de l’argent public, une puissante coopération entre les régions et toutes les collectivités de gauche pour combattre la politique du pouvoir.
Car non la France n’est pas en faillite. Elle souffre d’une répartition de plus en plus inégalitaire de ses richesses.
Un seul chiffre, en vingt ans la part des salaires est passée de 71 % à 59 % du Produit intérieur brut.
C’est à ce scandale de la répartition injuste de la valeur ajoutée à laquelle il faudra s’attaquer.
Nous n’ignorons pas bien sûr les différences qui peuvent exister au sein de la majorité de gauche de cette assemblée. Mais pour nous rien n’est figé. Et par la discussion, l’action et surtout l’écoute des attentes de la population, nous pourrons les faire évoluer.
Pour ce qui nous concerne, vous le savez, Monsieur le Président, nous sommes des partenaires loyaux, vous pouvez compter sur notre investissement, notre engagement.
Compter sur nous ne veut pas dire tout cautionner, nous comptons faire entendre notre voix.
C’est cet état d’esprit qui nous anime.
Nous pensons nécessaire d’aller au bout de nos accords. Cela n’a pas été possible jusqu’à l’heure. J’ose espérer que la sagesse et le temps feront que cela soit possible, simplement pour respecter nos accords.
Ainsi, nous emprunterions le bon chemin : chemin de la confiance, chemin du respect mutuel.
Cette voix, qui retrouve place à la région, et c’est tant mieux. Cela va mettre de la couleur dans cette majorité de gauche.
Certains pourrons parler de Vert, d’autres de Rouges, mais pour nous l’important c’est l’efficacité.
Et nous continuerons à porter les propositions que nous avons faites durant cette campagne, en terme de démocratie, de citoyenneté, d’aménagement du territoire respectant les hommes et la planète, du contrôle de l’utilisation des fonds publics, de solidarité, d’une Aquitaine terre « sans expulsion ».
Nous le savons aujourd’hui il nous faut être de la plus grande des sagesses quand il s’agit d’aborder la question de l’occupation de l’espace et des déplacements qui sans aucun doute devront faire l’objet de décisions rompant avec les logiques d’un lobbying d’un autre temps.

mercredi 17 mars 2010

LGV ou ligne à grande vitesse, pour quelle utilité?

Réunions publiques, associations et manifestations imposantes contre le projet LGV que tentent d'imposer le gouvernement et les tenants de l'Europe libérale, se succèdent et s'amplifient dans notre région.
Le samedi 23 janvier 2010 à Hendaye avec ses 18.000 manifestants annoncés restera dans les annales.
Un peuple divers, coloré, mobilisé, citoyen, s'est rassemblé avec ses différences pour faire entendre sa voix à ceux qui prétendent la mépriser au nom des sacro-saints "intérêts économiques", où du dogme de la "concurrence et du marché" que des chefs d'états et des lobbies internationaux imposent contre l'intérêt des peuples.
La défense de l'environnement était aussi au rendez-vous contre le saccage des territoires et pour quels résultats?
De nombreux communistes engagés dans les ass
ociations de villages où autres étaient bien présents mais ne s'affichaient pas beaucoup dans la manif. Comme les basques qui défendent bec et ongles leur territoire, les Verts étaient présents avec beaucoup de jeunes et quelques élus dont Noël Mamère pour faire leur "marché électoral"?.
J'ai rencontré Jacques MORAN journaliste à l'Humanité qui a fait un bon article dans l'HD.
J'ajoute que ma présence politique comme communiste m'a semblée bien perçue. Notre position devrait mieux s'affirmer comme l'a fait Alain Baché dans les dernières L.R, notamment avec l'aménagement de la ligne existante à moindre coût, ce qui laisse aussi le temps pour un avenir plus lointain d'envisager la nécessité où non d'une ligne LGV supplémentaire. Auquel cas, elle ne ferait pas "double emploi" mais permettrait un nouveau développement utile aux populations.
Georges Darricau

dimanche 21 février 2010

Télévision FR3 Aquitaine, chaine publique où enchainée et antidémocratique?

Enfin, la télévision annonce un débat pour les Régionales... mais il faut voir!
La bande des 4 (Rousset du PS, Darcos de l'UMP, Lassalle du MODEM et le FN). Or il y a 11 candidats.
La liste Front de Gauche que je soutiens a pour tête de liste Gérard BOULANGER, qui fut l'avocat des victimes du nazisme et de la collaboration dans le procès PAPON, préfet collabo de la Gironde durant l'occupation, responsable de la déportation d'hommes, de femmes et d'enfants de notre région. Evidemment, le parti de Le Pen, par ses campagnes racistes et ses positions publiques niant les chambres à gaz, n'est pas neutre dans cette affaire de crime contre l'humanité et il est révoltant qu'une chaine publique et des hommes (de gauche?) se commettent à prendre le risque crédibiliser ses positions.
Monsieur Alain ROUSSET, ferait honneur à son mandat et à la Gauche en refusant ce débat tronqué et scandaleux.
Gérard Boulanger fut l'avocat des chômeurs dont les indemnisations légitimes durent être "recalculées" par l'état qui les avaient spoliés.
Alain Baché, tête de liste landais est un ancien salarié de chez Temboury à Mont de Marsan d'où il avait été licencié avec son camarade Jean Jacques Daugreilh pour avoir défendu les droits des salariés face au patron voyou.
La liste comprend à parité hommes et femmes de nombreux(ses) travailleur(euse)s, militant(e)s syndicaux et associatifs de toutes catégories, des salarié(e)s sans emploi, des élus de proximité, tous engagé(e)s dans la vie quotidienne au service des autres, luttant pour une société plus solidaire, plus juste, plus humaine.
Ces femmes et ces hommes qui ne se résignent pas à quémander la pitance pour vivre, mais se battent contre le pouvoir des exploiteurs pour vivre dignement dans ce pays.
Est-ce cela qui gène dans le paysage médiatique et consensuel?
Est-ce celà que les "grands" médias et le pouvoir veulent à tout prix censurer?
Pourquoi cette peur du débat qui dérange, en prise avec le vécu de millions de gens?
Les sondages font état d'un taux d'abstention record pour l'élection régionale du 14 mars.
A croire que les "décideurs" qui s'accaparent les lieux de pouvoir et les médias aux ordres, font tout pour accroître le désarroi et l'abstention de l'électorat.
Ils veulent passer sous silence les alternatives possibles à la crise capitaliste.
L'Union fait l'espoir à Gauche sur la priorité à l'humain d'abord (et non de l'argent pour l'argent). C'est cela qui dérange.
La liste Front de Gauche fait le lien avec les luttes sociales légitimes pour l'augentation des salaires et des retraites, pour la défense de l'emploi dans les services publics (La Poste, l'école, les transports, l'énergie, etc...) et dans le privé face à des groupes qui, comme Total en ce moment, jettent des centaines de salariés à la rue en faisant des milliards d'€ de profits; pour la prise en compte des urgences sociales dans la défense de l'environnement, pour les valeurs républicaines de liberté égalité fraternité.
Elle porte l'espoir pour les victimes de la crise qui s'abstiennent trop souvent de voter parce qu'elles ne trouvent pas dans les candidats médiatisés ceux qui portent leurs revendications et leurs aspirations.
La démocratie, le respect des différences, l'expression citoyenne, sont bafoués dans cette campagne électorale par ceux qui ont le devoir d'informer les citoyens.
Il faut le dénoncer publiquement en appelant partout les électrices et les électeurs à juger sur pièces des engagements et des réalisations des uns et des autres afin de voter pour les options qui seront les plus porteuses de progrès sociaux et humains.
C'est le but de la liste Front de Gauche et son poids dans le vote du 14 mars portera espoir dans les luttes pour toutes les causes sociales et humaines.
Le 21/02/2010
Georges Darricau

vendredi 5 février 2010

Pourquoi je soutiens la liste Front de Gauche aux élections régionales du 14 mars 2010 !

Front de luttes sur les lieux de travail et de vie, comme dans la rue; Front de Gauche dans les urnes!

Ce qui importe, ce n'est pas le catalogue des promesses où des propositions, mais la démarche qui sous-tend la liste politique du Front de Gauche aux élections régionales.
Depuis ses origines en 1920, le parti communiste français fait le lien entre participation active aux luttes des forces du travail et de la création et construction des alliances politiques pour la transformation sociale.
Pour nous, le projet politique se construit pour et par le peuple, ce qui implique de dépasser le système injuste et inhumain de l'exploitation capitaliste pour accroître les profits de la caste très minoritaire de la bourgeoisie d'affaires.
La démarche unitaire pour la transformation sociale est ancrée dans l'histoire du parti communiste français.
C'est Maurice Thorez qui a lancé l'idée du Front populaire « pour le pain, la paix, la liberté » et se sont les immenses luttes syndicales du printemps 1936 qui ont permis la concrétisation politique et la signature des « accords Matignon » consacrant des avancées sociales sans précédent pour le monde du travail.
La majeure partie du patronat et de la droite battue rêvait de revanche et, préférant Hitler au Front Populaire, elle a choisi le fascisme, la trahison et le déshonneur de la collaboration avec l'occupant nazi en 1940.
Seule « la classe ouvrière fidèle à la patrie profanée » et la Résistance qui s'organisa par l'action déterminée du PCF uni à toutes les forces antifascistes et progressistes, déboucha sur la Libération avec l'appui des forces Alliées, au prix de terribles sacrifices.
L'application du programme du Conseil National de la Résistance et les profondes réformes politiques, sociales - dont la Sécurité Sociale avec le ministre communiste Ambroise CROIZAT – et démocratiques, que la droite « du bouclier fiscal » et du « ministère de l'identité nationale » attaque de toutes parts, tout en ayant le culot de s'accaparer Guy Môquet, jeune résistant communiste tombé sous les balles nazies avec la bénédiction de la droite de l'époque, sont toujours d'actualité.
La gauche fut divisée par l'anti communisme ambiant à l'époque de la « guerre froide » entre les U.S.A et l'U.R.S.S et pour ce qui concerne la France, le soutien de la S.F.I.O (section française de l'Internationale ouvrière où Internationale socialiste) aux guerres coloniales en Indochine et en Algérie dont les ministres socialistes étaient entre autres François Mitterrand, Robert Lacoste et Guy Mollet.
Le général de Gaulle s'il joua un rôle important dans la Libération et l'indépendance française notamment vis-à-vis des U.S.A en 1966, n'en fut pas moins le personnalisation de la droite au pouvoir antisociale et anti-démocratique avec la constitution de la 5ème République en 1958.
Dix ans plus tard, éclataient les évènements de 1968 avec 10 millions de grévistes.
Il fallut attendre 1972 et le Programme Commun de Gouvernement de la Gauche pour que se lève un espoir nouveau qui déboucha le 10 mai 1981 sur le retour de la gauche unie au pouvoir. La retraite à 60 ans, l'augmentation des salaires, pensions et allocations familiales, des droits nouveaux dans les entreprises, le lancement du 1er TGV par le ministre communiste des transports de l'époque Charles Fiterman, la loi de décentralisation aujourd'hui mise à mal par la réforme territoriale en cours en 2010, des nationalisations dans des secteurs clés de l'économie et de la banque, etc... sont à mettre à l'actif de la gauche.
En 1984 les communistes refusent de cautionner le « tournant de la rigueur » initié par le ministre des finances Jacques Delors et Laurent Fabius nommé 1er ministre en 1984, contre les revenus du travail pour le plus grand profit des financiers.
S'engageait alors la politique de « cohabitation » avec la droite qui déboucha sur sa victoire écrasante en 1993 à l'Assemblée Nationale et Edouard Balladur, nommé 1er ministre promulgua le « Loi Quinquennale » contre le Code du Travail malgré la présidence Mitterrand.
En mai 1995, Jacques Chirac était élu Président de la République et Alain Juppé nommé 1er ministre, la droite était « plein pot » de retour au pouvoir.
Malgré leur terrible affaiblissement après l'effondrement du Mur de Berlin, la fin de l'U.R.S.S et la toute puissance des U.S.A, le retour de capitalisme triomphant, « la fin des idéologies et la fin de l'Histoire» comme prédisaient certains, sans relâche comme toujours, les communistes menaient la lutte politique au plus près des populations exploitées, pour la justice sociale, pour la paix, pour les valeurs républicaines de LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE.
Le premier ministre Alain Juppé s'attaquait une nouvelle fois à la Sécurité Sociale avec son plan de démantèlement et la résistance populaire prenait de l'ampleur.
En novembre/décembre 1995, les cheminots d'abord, emmenés par leur secrétaire fédéral Bernard Thibaut, menaient la lutte à la fois pour la protection sociale, les salaires, la défense et le développement du service public, bientôt suivis par toute la fonction publique dans un mouvement immense que la population soutenait massivement, certains dans les boîtes privées « faisant grève par procuration ».
Le gouvernement Juppé paya politiquement son refus de négocier.
En 1997, Chirac en difficultés avec sa droite soumise à la pression populaire, dissout l'Assemblée Nationale et c'est une majorité de gauche qui sort aux élections législatives. Lionel Jospin est nommé 1er ministre à la tête d'un gouvernement « de gauche plurielle » pour lequel les communistes quoique affaiblis, ont accepté de participer avec 4 ministres dont les transports avec Jean Claude Gayssot (que fait-il aujourd'hui dans la liste Frêche?) qui, entre autres choses, entérina la mise aux normes autoroutières de la RN10 sans le péage que voulaient imposer la droite et certains élus du PS, le loi Solidarité renouvellement urbain (S.R.U) qui prend à bras le corps l'aménagement du territoire et le droit au logement pour tous en imposant aux communes 20% de logements sociaux dans leur parc locatif.
Marie-George Buffet alors ministre de la jeunesse et des sports a marqué la mandature par la lutte courageuse contre le dopage mais également par la décision de consacrer une part de la manne financière du sport professionnel à l'aide des clubs amateurs. Michèle Demessine au tourisme a œuvré pour le développement du tourisme social à coté du secteur marchand en rappelant que près de la moitié des français ne partent pas en vacances. La culture enfin avec Michel Duffour qui a consacré beaucoup d'efforts pour que se développe le spectacle vivant au plus près des populations, en particulier celles qui ont le moins accès à la culture, mais également la conservation des patrimoines locaux.
Ce gouvernement fut aussi celui de la réduction du temps de travail (RTT) à 35H et si la mesure n'a pas donné tous ses effets en matière d'emplois créés et de niveau de vie pour les salariés, on le doit aux atermoiements de Martine Aubry qui l'a initiée, mais aussi à l'acharnement du patronat contre la mesure et à l'insuffisance des luttes syndicales pour aller au-delà du minimum prévu.
L'abandon de la politique sociale, notamment le refus obstiné d'augmenter les salaires et les retraites, de développer les services publics et l'emploi statutaire au profit de la précarité généralisée, les gages donnés à la droite dans son combat contre la soi-disant insécurité en ignorant l'insécurité sociale dans laquelle vivent des millions de gens, sont la cause principale du mécontentement populaire profond, de son désarroi, de l'abstention massive à gauche et finalement de la candidature Jospin éliminée au 1er tour de la présidentielle du 21 avril 2002 par Le Pen.
La majorité socialiste au pouvoir n'a pas eu la volonté ni le courage politique de rompre avec les logiques libérales à l'œuvre dans les traités européens fondés sur « le marché ouvert et concurrentiel ». Ce n'est pas étonnant dans la mesure où le PS ne met pas fondamentalement en cause le « marché » capitaliste dans le fonctionnement de la société. C'est ce qui les a amenés à soutenir tous les traités européens de Maastricht, de Barcelone, le Traité Constitutionnel Européen largement rejeté par la France au référendum du 29 mai 2005 et celui de Lisbonne adopté en 2007 par le Congrès (Assemblée Nationale+Sénat) par l'abstention du parti socialiste.
Cette « Bérézina » politique à gauche a certainement contribué à conforter Sarkozy dans sa politique, jusqu'au débauchage de certaines personnalités du PS.
La victoire du NON au TCE le 29 mai 2005 et celles et ceux qui avaient lutté pour un non de gauche dont le PCF ont fait naître un espoir politique nouveau et immédiatement les communistes ont engagé le débat public dans tout le pays afin d'ouvrir une perspective unitaire à gauche pour la présidentielle de 2007 autour de la constitution de « comités antilibéraux ».
La démarche difficile de candidature unique des comités anti libéraux à la présidentielle de juin 2007 fut vouée à l'échec et M.G Buffet candidate, a recueilli 1,93% des suffrages exprimés au 1er tour.
L'incroyable démagogie de N. Sarkozy l'a emporté sur Ségolène Royal peu crédible à gauche sur le plan social et qui lançait déjà des appels du pied à Bayrou, le « centriste » qui vote les lois de la droite.
Sarkozy préparait son coup de longue date depuis son ministère clé de l'intérieur qui lui permettait aussi d'éliminer en interne son concurrent de Villepin, l'homme du C.P.E battu par les luttes sociales immenses des salariés et des étudiants en avril 2006.
Pour la 2ème fois consécutive, la droite est largement majoritaire à la présidence de la République, à l'Assemblée Nationale, au Sénat, au Parlement européen... sauf dans les régions où aux élections de 2004, 20 régions sur 22 échurent à la gauche.
Dans les luttes sociales et la recherche inlassable de l'alliance à gauche pour une alternative de transformation sociale, les communistes ont engagé la réflexion en tirant les leçons des échecs et multipliant les contacts afin d'engager avec persévérance une construction politique d'alliance antilibérale avec de nouveaux partis fondés sur cette dynamique.
Ce fut la liste Front de Gauche aux élections européennes dont les résultats honorables le 7 juin 2009 permirent l 'élection de Jean Luc Mélenchon comme député européen pour l'Aquitaine.
Etienne FAJON* écrivait « L'union est un combat » en 1975, dans la pleine période du Programme Commun de la gauche.
Quand il ne s'agit pas d'une « guerre des chefs » mais d'un débat d'idées afin que les meilleures solutions collectives l'emportent et que soient créées les conditions du rassemblement transformateur le plus large, eh bien c'est un bon combat et il est indispensable que chacun s'y investisse sans qu'il n'ait l'impression d'y perdre son âme.
Il ne s'agit pas d'une fusion qui nivelle par le bas et limite le débat, mais d'une alliance qui se construit dans la diversité et la richesse de tous.
La liste Front de Gauche qui a été présentée dans la salle de bal de Pontonx sur Adour le 2 février 2010 à 18H30 est bien de cette nature et elle porte la promesse d'un avenir nouveau.
Je la soutiens, je m'y engage et je souhaite figurer dans son comité de soutien.
Le poids électoral au 1er tour le 14 mars et la détermination politique des militants et élus dans le Front de Gauche élargi à d'autres forces politiques de gauche en lien avec le mouvement social, va déterminer non seulement les choix du 2ème tour probable le 21 mars, mais la vie politique qui, accrochée aux luttes sociales, peut permettre de réussir les transformations sociétales indispensables pour l'avenir en France, en Europe, dans le monde.
Labenne le 3 février 2010
Georges Darricau,
adhérent du PCF depuis 1972, membre du comité départemental
secrétaire de l'institut CGT d'histoire sociale des Landes
*Etienne FAJON (1906 – 1991) - Instituteur de formation, il entre au Parti communiste français, dont il gravit rapidement les échelons : il est membre du Comité central (1932-1990), du Bureau politique (1945-1979) et du Secrétariat (1954-1956 et 1970-1976). Il est également, avec Georges Cogniot, le représentant du PCF au Kominform à sa création. Par ailleurs, il devient directeur-adjoint (1948-1958), puis directeur (1958-1974) de L'Humanité. Député PCF de la Seine (1936-1940, 1945-1958 et 1962-1967); Député PCF de la Seine-Saint-Denis (1967-1978) (Épinay-sur-Seine, Villetaneuse, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Ouen et L'Île-Saint-Denis) -